Raspoutine

La tsarine, Alexandra Fedorovna fut séduite par Raspoutine, d'autant plus qu'un ancien prédicateur français, qui lui avait annoncé quelques années auparavant la naissance de son fils Alexis, lui avait annoncé la venue d'un autre grand prédicateur qu'il avait nommé « Notre Ami ».

Par l'intercession de la grande-duchesse Militza et de sa sœur, la grande-duchesse Anastasia, le « staretz » est présenté à la famille impériale au grand complet, le 1er novembre 1905, où il offre à chacun de ses hôtes des icônes. Le jeune tsarévitch Alexis souffrant d'hémophilie, Raspoutine demanda à être conduit au chevet du jeune malade, lui imposa les mains, et serait parvenu ainsi à enrayer la crise et à le soulager. Selon certains, cela s'expliquerait par le simple fait que la médecine de l'époque ignorait les propriétés de l'aspirine qui était donnée au jeune malade. Ce médicament est un anticoagulant et donc un facteur aggravant de l'hémophilie. Le simple fait de balayer de la table et de jeter les « remèdes » donnés au malade — dont l'aspirine — ne pouvait qu'améliorer son état.

Le tsar et la tsarine furent séduits par les dons de guérisons de cet humble moujik qui semblait aussi avoir celui de prophétie. La tsarine Alexandra se convainquit que Raspoutine était un messager de Dieu, qu'il représentait l'union du tsar, de l'Église et du peuple et qu'il avait la capacité d'aider son fils par ses dons de guérisseur et par sa prière.

Sa réputation de guérisseur permit à Raspoutine de se rendre indispensable, et il prit très vite un ascendant considérable sur le couple impérial. Invité à de nombreuses réceptions mondaines, il fit la connaissance de nombreuses femmes riches.

Dans la galerie de ces favoris sulfureux des rois et des grands de l’Histoire, Raspoutine, par sa mort étrange à 53 ans, tient une place à part. Mille rumeurs coururent aussitôt. On affirma qu’il n’était pas mort dans la Neva, mais que par précaution, il n’était pas réapparu au grand jour, et la rumeur a couru jusqu’à ce que l’ouverture des archives soviétiques après 1989 ne vienne établir bel et bien cette mort dont seul les mémoires du Prince Youssoupov faisaient état jusque là. Au point que Raspoutine poursuit son existence ambigüe jusque dans les magnifiques œuvres de Hugo Pratt… Les légendes ont la peau dure, Raspoutine en est la preuve éternelle.